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Ça c'est de la belle conclusion pour une trilogie! |
Noël approchant, il va être temps de conclure sur ce thème. Voici donc mes dernières conclusions sur les mirifiques catalogues que j'ai pu consulter.
Tout d'abord, j'ai pu constater que trois stratégies différentes concernant les jouets pour les plus petits s'affrontent :
- le jouet en photo avec un gnome rigolard, limite extatique au point qu'on le croirait shooté à l'héroine... (stratégie Auchan, vous pouvez vérifier)
- le jouet en photo avec un gnome qui fait la gueule, quasi neurasthénique style "Ma couche est pleine, et au lieu de me nettoyer les fesses, vous me collez devant votre sale jouet? Et vous espérez que je vais sourire? Non mais allô quoi!"(stratégie Super U... c'est euh... conceptuel)
- on va pas s'emmerder à photographier un gnome avec le jouet, ces sales morveux risquent de tirer la tronche. La photo du jouet suffira. (Stratégie Toys Я us, on sent les spécialistes et les connaisseurs de la psychologie enfantine)
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"T'en veux brother? C'est de l’afghane!" |
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"Je vous préviens, c'est un vrai charnier la-dedans!" |
Bon, sinon soyons honnêtes, rien que du très classique dans l'ensemble des catalogues examinés : de la peluche, du doudou, du tapis d'éveil qui fait "froutch froutch" et "pouet pouet", du jeu d'éveil aux couleurs criardes qui piquent les yeux.
Ah oui, et du jouet à piles qui fait de la musique et/ou des sons moches, parfois inaudibles, souvent crachotant, et généralement BEAUCOUP TROP FORT!!! (j'aurais l'occasion d'en reparler dans une future bafouille).
Parlons-en des jouets à piles. Inutile de vous leurrer, quel que soit le catalogue choisi, on peut considérer que 75% des jeux/jouets proposés fonctionnent avec des piles (généralement non fournies, faut pas déconner). Même des trucs super basiques, mais j'aurai l'occasion d'y revenir. En fait ça n'a rien d'innocent, c'est même complètement voulu et recherché de la part des distributeurs, car il s'agit d'un moyen simple de faire du bénéfice et des marges. Et ça n'est d'ailleurs pas valable que pour les jouets. Je vais prendre un exemple que je connais pour avoir travaillé dans ce domaine : vous voulez refaire votre sol en posant du carrelage. Vous-même car c'est moins cher. Soit. Vous vous rendez donc au Leroyrama™ le plus proche. Ça tombe bien, ils ont de chouettes carrelages pas trop cher. Vous achetez donc votre carrelage pas-trop-cher. Et les produits de mise en œuvre (colle, joint, et si vous n'êtes pas équipé, carrelette, spatules, etc...). Ah...tient, au final ça vous a coûté un bras!? Comment se fais-ce? C'est simple : Leroyrama™ marge très peu sur le carrelage, le produit d'appel, qui s'affiche donc à bas prix sur les catalogues et en rayon. Quand je dis "marge peu", c'est vraiment peu sur certains modèles, à peine quelques pourcents. Parfois ils sont limite à prix coûtant. Mais peu importe : il se rattrape sur les produits de de mise en œuvre (colle, joint, etc...) en margeant dessus comme un porc, de l'ordre de 25 à 50%. Voire plus sur certains produits spécifiques. Sauf que vous n'avez guère le choix : votre carrelage, il faudra bien le poser. Bien sur vous pouvez prendre les produits de mise en œuvre ailleurs, mais rares sont ceux qui se cassent la paillasse à faire la démarche, d'autant que les autres enseignes pratiquent
exactement la même politique, et que les prix ne varient donc que très peu.
Pour les jouets, c'est pareil : la plupart des "best sellers" sont à des prix que nous qualifierons de "raisonnables" (mon caleçon n'est pas de cet avis, la compagnie de mes testiboules lui manque) car les distributeurs font peu de marge dessus. Ils se rattrapent bien évidemment sur la vente des piles, indispensables au bon fonctionnement de la plupart des jouets. CQFD. Notons que sur l'ensemble des catalogues considérés, un seul joue "la transparence" : le catalogue de Leclerc proposant une pleine page sur ceci :
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Oui oui, au milieu du catalogue de JOUETS. Pour moi, ça sonne comme un aveux quand même... |
Et maintenant, évoquons un autre grand classique : le jeu/jouet sous licence (d'un dessin animé, film, etc...). Cette technique bien connue permet de cumuler trois atouts précieux :
- Bénéfice de la notoriété : sa publicité est déjà faite puisqu'elle s'appuie sur la licence associée.
- Susciter l'envie : si la licence a du succès, l'objet sous licence suscitera l'envie de le posséder par frime/pression sociale/manque de discernement/lobotomie (rayer la ou les mentions inutiles).
- Fourguer n'importe quoi : si c'est sous licence, ça se vendra. Si si! Même les objets les plus incongrus peuvent se vendre s'ils sont véhiculés par une licence populaire. En bonus, cela permet de vendre l'objet à un prix qui serait sans cela considéré comme prohibitif.
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Exemple d'objet absurde sous licence : et non ça n'est pas un stylo! |
Mais prenons tout de suite un premier exemple de licence :
Monster High™. Gamme de poupées de chez Mattel™, inspirée d'une série de livres, et qui a donné naissance à un dessin animé à succès (chez les jeunes filles à priori), les "Monster High" sont théoriquement les enfants des monstres de la culture populaire (Dracula, Momie,créature de Frankenstein, etc...) dont on suit les
lénifiantes palpitantes aventures au collège ("High" pour "Highschool"). Comme on le voit, une licence qui surfe allègrement (voire n'importe comment) sur la culture gothique au sens large (couleurs, thématiques, etc...). Précisons-le tout de suite, je n'ai rien contre l'imagerie gothique (n'est-ce pas
Laure?). En fait, je trouve même certaines tenues vestimentaires de style gothique plutôt sympa (bon, y en a d'autres, c'est du grand n'importe quoi). Concernant les poupées elles-mêmes? Bof. Oui, c'est sur, elles ressemblent à des pouffes anorexiques. En version gothique. Honnêtement, c'est pas pire que les Barbies© hein... Le jour ou Mattel™ cessera tout court de nous fourguer des poupées à la silhouette gros seins-taille de guêpe, je pense qu'on aura déjà bien avancé.
Par contre, dans les jeux/jouets proposés sur cette licence, on trouve quand même du grand n'importe quoi!
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Dès 5 ans, ta fille peut donc se transformer en "suicide girl". |
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Et si ça suffit pas, la manucure digne d'un drag queen peut être ajoutée. Avec des piles bien sur. |
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Et le maquillage "gothique" ? Y a qu'a demander. |
Franchement, il ne manque que les tenues de
péripatéticienne cagole greluche pour accompagner le tout...
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Ok, mettons que je n'ai rien dit. |
Poursuivons sur les licences. On voit parfois des choses étranges. Bon, les licences liées à des films ou séries animées, tout le monde connait. Les livres (ou BD) aussi, les exemples pullulent. Parfois, c'est juste un personnage emblématique (la "Kitty" de Sanrio est un bon exemple) ou une marque. Mais depuis peu, on assiste à un étrange phénomène, une forme de cannibalisme industriel consistant à fabriquer des jouets et des jeux sous licence... de jeux. Par exemple :
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Des jouets basés sur un jeu vidéo. C'est un peu le serpent qui se mord la queue finalement... |
Mais on peut pousser le vice encore plus loin, en vendant des jeux, sous licence de jouets sous licence de film. Exemple :
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Reste à faire un film sur le jeu vidéo Lego StarWars et la boucle sera bouclée. |
Toujours sur le thème des licences, notons enfin que, parfois, les fabricants de jouets n'obtiennent pas (ou ne veulent pas payer) la licence sur laquelle ils lorgnent. Il existe alors un moyen simple de s'en tirer à bon compte, en produisant un visuel qui prête largement à confusion dans l'esprit du public, mais sans jamais citer la licence sur laquelle ils n'ont pas les droits.
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Toute ressemblance... gna gna gna... fortuite, patin couffin. |
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Ah bon? Le film vient de sortir? Non, c'est juste une coïncidence. |
Bon, ok. Donc pour mieux nous essorer, il est possible de se baser (légalement ou non) sur une licence connue. Mais ne croyez pas qu'un prétexte, si fallacieux soit-il, est toujours nécessaire pour vous faire cracher des sous. Ainsi, on ne compte plus les jeux simplistes, qui ne nécessitent en théorie rien de particulier pour être joués, vendus à des prix parfois hallucinant.
Vous connaissiez déjà la bataille navale (pour rappel, deux feuilles de papier à carreaux et deux crayons suffisent pour y jouer. Budget : des clopinettes), elle a déjà été décliné en version boite de jeu, et surtout en version électronique. Avec des piles donc. Le tout vendu fort cher. Comme ça a fonctionné, les fabricants ont décidés de ne pas s’arrêter en si bon chemin, et vous proposent donc le "Ni Oui ni Non" :
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En effet. C'est un "Ni oui ni non". Pourtant vu le prix, j'ai envie de dire "Non". |
Mais aussi "1 2 3 Soleil" :
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"1 2 3 soleil". Avec des piles. Le PDG de Duracell vient d'avoir une érection je pense. |
Vous avez peut être déjà joué à "qui suis-je". Muni de post-it ou de petits bouts de papier, vous avez griffonné un nom à la noix, fièrement arboré par l'un de vos invités, vous même équipé de la sorte, et cherchant à découvrir de quel nom idiot vous êtes affublé. Budget indigent. Rassurez-vous si vous avez trop d'argent, vous pouvez aussi acheter le jeu pour la modique somme de 23€50 chez Carrefour :
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A ce prix, je pense que les cartes sont plaqué-or. |
Je passe rapidement sur les jeux de dessin. Il en existe plusieurs versions. Rappelons juste qu'en général la boite contient : 1 + n carnets et crayons à papier (n étant un nombre entier variant de 1 à 3), un sablier en plastique qui doit coûter environ 5 centimes à fabriquer en chine, et un nombre variable de cartes portant des noms à dessiner. Au prix de 29€90 (chez Carrefour toujours, mais on voit les mêmes ailleurs n'en doutez pas), ça fait cher du bloc note et du jeu de cartes je trouve. Si t'as pas de sous, tu récupères un crayon dans le tiroir de la commode, le timer de la cuisine, un vieux carnet abandonné et tu ouvres un dico au hasard dans les noms propres. Budget : insignifiant.
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On ne se rend pas bien compte du prix d'une paire de carnets à spirale. |
Bien, sur on peut aussi recycler un vieux jeu archi-connu et peu onéreux, en l'agrémentant d'options aussi variées qu'inutiles pour justifier une augmentation de prix indécente :
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Je sais pas vous, mais pour moi, le plateau de jeu n'est pas indispensable. |
Rien ne vous empêche de vous rabattre sur la version classique, mais le fabricant prendra bien soin de :
- soit ne plus la produire
- soit l'agrémenter d'un belle boite métal-collector-anniversaire, du plus bel effet, mais totalement inutile, justifiant la encore un prix plus élevé
Évidemment, les versions sous licence sont aussi à l'ordre du jour.
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J'attends avec impatience la version électronique à piles. L'an prochain surement. |
Comme on le voit, nos comptes bancaires n'ont pas fini d'être malmenés. Mais bon, il reste toujours
cette solution.
Le lien de la fin de marche pas !
RépondreSupprimerAhhh les joies de Noël et de ses tas de merde...
Ma version ;)
http://www.liliaimelenougat.com/article-chronique-ecologique-grosse-avalanche-de-jouets-en-perspective-121506738.html
Lien corrigé (l'article original a dû être déplacé). Je vais aller zieuter ton article :)
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